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Questions – réponses

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Publié le : 27 juillet 2025
Adorations

Regrouper les prières du soir en été en Europe

Question :

Question d’un frère de Belgique :

En Belgique, beaucoup de mosquées regroupent le Maghrib et Ichaa entre le mois de mai jusqu’à septembre, est-ce légiféré de faire cela ou une innovation ?

Résumé de la réponse :

Il n’est pas permis de regrouper systématiquement le Maghrib et l’Ichā pendant l’été en Europe sans excuse légale reconnue. La gêne due à l’heure tardive de l’Ichā n’autorise pas à faire de ce regroupement une pratique généralisée et habituelle dans les mosquées. Les textes du Coran et de la Sounnah insistent sur le respect des horaires de prière, et les savants sont unanimes sur l’interdiction de regrouper sans empêchement valable. Toutefois, certains savants ont permis un regroupement occasionnel en cas de besoin réel (fatigue, maladie, contrainte exceptionnelle), tant que cela reste limité aux personnes concernées et non régulier. Cette opinion repose notamment sur le hadith d’Ibn ‘Abbās et d’autres textes. Le Comité permanent de l’Iftā’ (Arabie Saoudite) a aussi statué qu’il ne faut pas regrouper dans ce cas. Dès lors, la solution reste individuelle, et si la gêne devient permanente et insurmontable, la hijrah devient obligatoire pour préserver la prière dans son temps.

Réponse :

Wa ‘alaykoum as-salām wa rahmatoullāh wa barakātouh,

Qu’Allah vous récompense pour votre souci de suivre la voie droite et d’agir selon la Sounnah.

Concernant votre question :

1. Principe général concernant les horaires de prière

Il n’est pas permis de regrouper les prières de Maghrib et ‘Ichā’ sans excuse valable selon la législation islamique. Le simple fait que l’heure de ‘Ichā’ entre tardivement en été dans certains pays européens comme la Belgique n’est pas une raison suffisante pour regrouper les deux prières de manière systématique pendant plusieurs mois.

Certains savants ont permis le regroupement en cas de besoin exceptionnel, de fatigue excessive, ou d’empêchement réel pour accomplir la prière à son temps, et cela reste du cas par cas. Mais en faire une pratique généralisée et régulière dans les mosquées sans excuse individuelle spécifique est interdit, car cela revient à délaisser l’ordre d’Allah d’accomplir la prière dans ses temps prescrits.

إِنَّ الصَّلاةَ كَانَتْ عَلَى الْمُؤْمِنِينَ كِتَابًا مَوْقُوتًا
(Sourate An-Nissâ, verset 103)

{ En vérité, la prière demeure, pour les croyants, une prescription à des temps déterminés. }

Le Prophète ﷺ a dit : « La meilleure des œuvres est la prière accomplie à son heure. » (Al-Boukhârî, n°527 et Mouslim, n°85)

Tout texte du Coran et de la Sounnah qui ordonne la prière vise, en premier lieu, la préservation de la prière dans son temps prescrit.

C’est pourquoi il n’est jamais dit simplement “priez” (صلوا), mais toujours “accomplissez la prière” (أقيموا الصلاة), comme dans Sa parole :

{وَأَقِيمُوا الصَّلَاةَ} [Al-Baqara : 43]
{وَالْمُقِيمِينَ الصَّلَاةَ} [An-Nisâ’ : 162]

Le premier sens de “l’accomplissement de la prière” est justement d’en préserver l’horaire prescrit.

Allah ﷻ dit aussi :

فَخَلَفَ مِنْ بَعْدِهِمْ خَلْفٌ أَضَاعُوا الصَّلاةَ وَاتَّبَعُوا الشَّهَوَاتِ فَسَوْفَ يَلْقَوْنَ غَيًّا
(Sourate Maryam, verset 59)

{ Puis leur succéda une descendance qui négligea la prière et suivit ses passions. Ils seront donc jetés dans la perdition.}

‘Oumar ibn ‘Abd al-‘Azîz (رحمه الله) a dit : « Ce n’est pas qu’ils l’ont totalement abandonnée, mais ils ont négligé ses horaires. » – C’est-à-dire qu’ils priaient hors de leur temps, et c’est cela leur faute.

Et encore :

فَوَيْلٌ لِلْمُصَلِّينَ * الَّذِينَ هُمْ عَنْ صَلاتِهِمْ سَاهُونَ
(Sourate Al-Mâ‘ûn, verset 4 & 5)

{ Malheur donc à ceux qui prient, * tout en étant négligents à l’égard de leur prière.}

Sa‘d ibn Abî Waqqâs (رضي الله عنه) a dit : “Ils sont distraits de leur prière jusqu’à en rater l’heure. Celui qui fait cela, même s’il prie, s’expose à la menace du malheur, car il a manqué le moment prescrit.”


2. Consensus des savants sur l’interdiction de regrouper sans excuse

Les juristes sont unanimes sur l’interdiction de retarder la prière jusqu’à la sortie de son temps sans excuse légale reconnue par la charia.

D’après Abou Qatâdah al-‘Adawi, ‘Oumar ibn al-Khattâb (qu’Allâh l’agrée) a dit : « Parmi les grands péchés (al-kabâ’ir) : rassembler deux prières (en un seul temps) sans excuse, fuir devant l’ennemi (sur le champ de bataille) et le pillage (an-nahbah). » (Rapporté par Ibn Abî Hâtim dans son Tafsîr avec sa chaîne de transmission, n°5208, et authentifié par l’imâm Ibn Kathîr dans son Tafsîr de la sourate An-Nisâ’ [versets 29-31]. Ainsi, il est authentifié comme parole d ‘Oumar ibn al-Khattâb – mawqouf –, mais il n’est pas authentifié comme parole du Prophète ﷺ d’après le Hadith d’Ibn ‘Abbâs.)

Le Prophète ﷺ n’a regroupé les prières sans peur ni voyage que très rarement, et les savants divergent sur le sens de ce regroupement occasionnel.

Ibn ‘Abd al-Barr a dit : « Les savants sont unanimes sur le fait qu’il n’est pas permis de regrouper deux prières en étant résident sans excuse de pluie, à l’exception d’un petit groupe qui a divergé. » Fin de citation.


3. Avis divergents sur le hadith d’Ibn ‘Abbâs

Ibn ‘Abbâs a rapporté : “Le Prophète ﷺ a réuni entre le Dhouhr et le ʿAsṣr, ainsi qu’entre le Maghrib et le ʿIchā’ à Médine, sans qu’il n’y ait ni peur ni pluie.” Ibn Abbas a dit : “Il a voulu ne pas mettre sa communauté dans la gêne.” (Mouslim, n°705).

Les savants ont divergé quant au sens de ce hadith. En effet, Ibn Rajab al-Hanbali déclare dans Fath al-Bârî, son commentaire du Sahîh al-Bukhârî (tome 12), sous le chapitre relatif au report de la prière du Ḍhouhr jusqu’à celle de l‘‘Aṣr, à propos du Hadith n°543, qu’il existe huit positions parmi les savants au sujet du hadith d’Ibn ‘Abbâs concernant le regroupement des prières sans crainte ni voyage. Ci-après, un résumé des cinq avis les plus apparents et connus :

– Certains ont interprété ce regroupement comme étant dû à la pluie, comme cela a été rapporté de plusieurs anciens. Toutefois, cette explication ne concorde pas avec le texte explicite du Hadith qui précise qu’il n’y avait ni peur ni pluie, ce qui exclut cette justification.

– D’autres ont dit qu’il s’agissait simplement d’un jour nuageux : le Prophète ﷺ aurait cru que l’heure de Dhouhr n’était pas encore entrée, puis aurait réalisé que c’était l’heure de ʿAsṣr. Cette lecture ne peut être retenue, car même si elle pourrait s’appliquer au cas du Dhouhr et du ʿAsṣr, elle ne convient absolument pas à celui du Maghrib et du ʿIchā’, où ce type de confusion est improbable.

– Un autre avis propose que le Prophète ﷺ aurait simplement prié la première prière à la toute fin de son temps, puis la seconde dès le début de son temps, donnant ainsi l’impression d’un regroupement. Cependant, cette explication ne reflète pas fidèlement le sens apparent du Hadith, qui parle clairement d’un regroupement, et elle est contredite par l’acte même d’Ibn ‘Abbâs, qui a regroupé les prières et a invoqué ce hadith comme preuve, avec l’approbation d’Aboū Hourayrah et sans qu’aucun compagnon ne s’y oppose.

– Certains savants, comme l’imam Aḥmad et plusieurs chāfi‘ites, ont considéré que le Hadith se rapporte à un regroupement accompli en cas de maladie ou d’empêchement similaire. Cette interprétation s’accorde avec le sens apparent du texte, l’acte d’Ibn ‘Abbâs, et la logique selon laquelle la gêne causée par une maladie est plus grande encore que celle causée par la pluie, pour laquelle le regroupement est permis.

– Un groupe de savants a estimé qu’il est permis de regrouper les prières pour un résident en cas de besoin, à condition que cela ne devienne pas une habitude.

Cet avis a été rapporté de Ibn Sīrīn, Achhab, Aboū Isḥāq al-Marwazī, al-Qaffāl, ach-Chāchī et d’autres, et adopté par Ibn al-Moundhir. Il se fonde sur la parole explicite d’Ibn ‘Abbâs : « Il a voulu ne pas imposer de gêne à sa communauté », sans mentionner de maladie ni autre excuse précise, ce qui laisse entendre que la simple gêne suffisait à justifier ce regroupement ponctuel. Selon cette dernière opinion, on en conclu qu’il est permis de regrouper les prières en cas de besoin, à condition que cela ne devienne pas une habitude. Ils considèrent que cette gêne constitue une ‘hâjah char‘iyyah (besoin légiféré), comme une maladie, une faiblesse, une difficulté exceptionnelle… à condition que le regroupement ne soit pas régulier.

Ils se sont également appuyés sur le Hadith rapporté par ‘Abdallah Ibn ‘Omar (qu’Allah les agrée lui et son père) : Le Prophète ﷺ a dit : “Lorsqu’il arrive à l’un d’entre vous une affaire qu’il craint de perdre alors qu’il prie cette prière”, c’est-à-dire qu’il peut regrouper“. (Rapporté par An-Nassā’ī et authentifié par Cheikh Al-Albânī dans Silsila Ṣaḥīḥa n°1370)

An-Nawawī a dit : « Un groupe d’imams ont autorisé le regroupement en étant résident, en cas de besoin, tant que cela ne devient pas une habitude. » (Charh Sahîh Mouslim, hadith n°705).

Mouhammad Ibn Sîrîn (mort en 110H) a dit : « Il n’y a pas de mal à regrouper entre deux prières en cas de besoin tant que la personne ne prend pas cela comme habitude. » (Fath Al Bârî de l’imam Ibn Rajab, vol.4 p.271).


4. Fatwa du Comité Permanent (Arabie Saoudite)

Question n°2 de la fatwa n°7848 :
L’heure de la prière du ‘ishâ’ en Europe atteint durant cette période estivale environ le milieu de la nuit, et les travailleurs ainsi que les jeunes enfants ne peuvent pas patienter jusqu’à ce moment pour accomplir cette prière à son horaire prescrit. Est-il donc permis de la regrouper avec le maghrib à l’heure du maghrib durant cette période, sachant que le fajr est à quatre heures du matin ?

Réponse :
Il n’est pas permis d’avancer la prière du ‘ishâ’ en la regroupant avec le maghrib pour la raison évoquée. Elle doit être accomplie à son heure, qui commence après la disparition du crépuscule rouge. Le musulman doit patienter et espérer la récompense d’Allah à ce sujet, conformément à la parole d’Allah : « En vérité, la prière demeure, pour les croyants, une prescription à des temps déterminés » [An-Nisâ’ : 103], et en raison du sens général des hadiths authentiques du Prophète ﷺ indiquant les horaires des prières.
Et Allah seul accorde le succès. Que la prière et le salut soient sur notre Prophète Muhammad, sa famille et ses compagnons.
Source : Comité Permanent pour la Recherche Scientifique et la Délivrance des Fatwas (8/132)
• ‘Abd Allâh ibn Qa‘oûd – membre
• ‘Abd Allâh ibn Ghoudayyân – membre
• ‘Abd Ar-Razzâq ‘Afîfî – vice-président
• ‘Abd Al-‘Azîz ibn Bâz – président


5. Conclusion et recommandation

L’opinion vers laquelle nous penchons est que le regroupement est autorisé dans des cas individuels réels de gêne, avec les conditions suivantes :
• Un besoin réel
• De manière exceptionnelle, non continue, pour que l’exception ne devienne pas une règle
• Cela peut se faire individuellement ou pour un groupe entier concerné par la même nécessité, lorsqu’une difficulté réelle et ponctuelle se présente (fatigue, maladie ou situation contraignante), mais non pas de façon générale et régulière pendant plusieurs mois, en groupe à la mosquée.
• En cas d’impossibilité régulière, cela est une cause supplémentaire pour que la Hijrah (migration) devienne obligatoire, comme l’ont mentionné les savants. Car prier à l’heure est une obligation essentielle de la religion.

Toutefois, Allah ﷻ est Le plus savant.

Source : www.dourous-sounnah.com

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